Vins et vignobles de l’Aveyron, témoignage de très anciennes traditions

L’AOP Marcillac est composée d’une large gamme de vins rouges et de vins rosés produits sur la base de près de 200 hectares. Le vignoble de Marcillac se situe à une vingtaine de kilomètres de Rodez. Ce vignoble s’est à l’origine développé sous les auspices de l’abbaye de Conques il y a plus de 1000 ans sous l’impulsion des moines de l’époque. Les viticulteurs travaillent le cépage mansois de son nom local et occitanisé « fer servadou ». Ils ont dompté la terre rouge du Vallon de Marcillac pour produire des vins dans le temps très prisés par la bourgeoisie et le clergé Ruthénois du IXème siècle. Ainsi le paysage a conservé son charme d’antan, la vinification évolue et fait aujourd’hui du Marcillac un vin de qualité qui est devenu un incontournable parmi les vignobles du sud-ouest. En accord parfait avec les spécialités régionales, le Marcillac s’adresse aux épicuriens amateurs de cuisine du terroir, de traditions gourmandes mais aussi de mets raffinés servis dans les grandes tables. C’est dans ce parallèle qu’il s’inscrit à merveille dans les saveurs du terroir aveyronnais dont il incarne des valeurs fondamentales.

L’AOP d’Entraygues-le-Fel offre des vins rouges, rosés et blancs dont la production se partage sur un peu plus de 21 hectares à l’extrême nord de la région aveyronnaise. L’exploitation viticole de cette petite zone géographique remonte au VIIIème siècle à l’époque du Moyen-âge où les bateaux (appelés « gabare ») qui circulaient sur la rivière du Lot déchargeaient des barriques de vins au village d’Entraygues-sur-Truyère. Ce commerce fluvial a peu à peu conduit à l’implantation de divers cépages (mansois, cabernet, mauzac et chenin) par la population environnante qui développa la viticulture sur un terrain inhabituel. Et pour cause, les pentes très abruptes et rocailleuses des vallées du Lot et de la Truyère rendent l’activité viticole délicate. Mais ces sols particuliers (composés de schiste au Fel et de granit à Entraygues) ont trouvé leur viticulture adéquate dite « en terrasse » encore pratiquée aujourd’hui. Les vins d’Entraygue-le-Fel offre des vins parfumés, diversifiés et parfaitement intégrés dans la famille des vins aveyronnais, typiques et représentatifs du terroir.

L’AOP d’Estaing est le plus petit vignoble aveyronnais avec à peine plus de 16 hectares d’exploitation viticole sur les alentours de l’un des plus beaux villages de France adossé aux contreforts de l’Aubrac. Une première implantation des vignes fut entreprise par les comtes d’Estaing au Xème siècle puis la trace de ce vignoble se perd jusqu’en 1399 où des écrits retrouvés signalent la présence de la vigne dans le paysage d’Estaing. A partir de là, ceux que l’on appellera les Vignerons d’Olt travaillent la vigne avec application, justesse et prudence sur ces coteaux en pentes raides faits de schiste et de calcaire. Le Négret de Banhars, un cépage local aujourd’hui présent en très faible quantité, aurait dominé la production viticole de l’époque. Les vins d’Estaing sont caractérisés par des rouges typés aux belles robes rubis irisées de violet, des rosés frais, vifs et brillants et des blancs secs et équilibrés à la couleur jaune pâle et lumineuse. Les vins de ce vignoble des rives du Lot reflètent toute la délicatesse et la finesse du terroir aveyronnais.

L’AOP Côtes-de-Millau est lui le vignoble le plus ancien de ses pairs aveyronnais, descendant de traditions viticole très anciennes voire même antiques. En effet, aujourd’hui étendu sur plus de 53 hectares de récoltes, le vignoble de Millau daterait de l’époque romaine. Aux alentours du site (à présent archéologique) de la Graufesenque, là où, sous l’autorité de l’empire romain, une intense activité économique et commerciale était pratiquée à Millau, du fait que le lieu constituait un pôle de production majeur en matière de poteries et céramiques sigillées. Plus loin dans l’histoire, on note qu’au Moyen-âge 

la viticulture se développe pour servir de vin de messe et de boisson aux pèlerins. Un vin notamment très apprécié par les Papes en Avignon grâce entre autres à la qualité de sa conservation dans les caves à fleurines de la commune de Compeyre. L’air frais qui circule entre la roche a été apprivoisé par l’homme qui s’en est ainsi servi pour affiner le vin, de la même manière que les caves de Roquefort. Le vignoble est implanté sur des bandes de terres en terrasses sur les plateaux calcaires très ensoleillés aux abords de la vallée des Gorges du Tarn. Ces vins se caractérisent par des rouges aux réelles persistances aromatiques et pouvant vieillir jusqu’à cinq ans ou plus pour les cuvées les plus élaborées. Les vins rosés sont fruitées et les blancs ont des notes florales à boire jeunes et très frais. Ces vins aux identités fortes sont démonstratifs d’un terroir aveyronnais de caractère.